UNE INITIATIVE DE PARCOURS MEMORIEL INTERGENERATIONNEL

 

LA RESISTANCE RACONTEE AUX PLUS JEUNES GENERATIONS

Un partenariat entre la Mairie de Seine-Port, l’École publique élémentaire de la Chesnaie et la section locale de l’Union Nationale des Combattants (UNC) a permis à des élèves de CM1 CM2 de conduire une réflexion captivante liée à une période cruciale de notre histoire et découvrir, ainsi, ce que fut le sacrifice d’hommes et de femmes pour retrouver la liberté entre 1940 et 1945. 

Une approche intergénérationnelle du devoir de mémoire dès l’École Élémentaire…

Le 80ème anniversaire des débarquements en Normandie, en Provence et de la Libération de la France, était une occasion privilégiée d’entreprendre un travail intergénérationnel de transmission du devoir de mémoire.

Ainsi, sous l’impulsion de Monsieur Vincent Paul-Petit, Maire de Seine-Port, de Madame Christelle Kieffer, directrice de l’École de La Chesnaie et du Général 2s François Rondot, président de la section de l’UNC de Melun Val de Seine, un parcours initiatique, autour de l’apport de la Résistance à la Libération de la France, a été entrepris dans le but d’expliquer et sensibiliser les plus jeunes à cette période de l’histoire de France. En soit, on peut légitimement considérer qu’il ne s’agissait pas d’une opération inédite ou exceptionnelle. Cette démarche a d’ailleurs, parfois, déjà trouvé de rares échos dans bien d’autres régions et a été portée par des associations qui n’étaient pas toujours en lien avec le monde combattant. En effet, ce travail mémoriel est plus généralement entrepris au collège, ou parfois au lycée, car il est considéré que des adolescents sont plus à même de comprendre et d’appréhender la complexité d’un mouvement de refus de l’occupation par une partie de la population française. C’est pourtant en cela que le projet de Seine-Port est intéressant et quelque peu innovant, puisqu’il s’adresse à des enfants de CM1 CM2. En effet, ces classes présentent déjà le niveau requis et la maturité suffisante pour que les élèves puissent commencer, en toute quiétude, à s’imprégner de vraies valeurs républicaines et patriotiques. S’engager dans cette voie était donc primordial pour les acteurs de ce projet.

Un parcours mémoriel construit autour d’une vision concrète : La France au quotidien dans les années 40….

Pourtant, lorsque l’on s’adresse à des enfants de 9 ou 10 ans, on ne peut se limiter à présenter les faits historiques, sous une forme exclusivement didactique et fatalement théorique. En outre, certains concepts idéologiques portés dans les années 30-40 ne sont pas encore à la portée d’élèves de CM1 CM2. L’effort de pédagogie impose donc d’exposer cette période de l’histoire sous une forme extrêmement pragmatique, en replaçant chacun des évènements factuels dans le contexte de l’époque, et singulièrement de la vie quotidienne des Français avant et pendant la seconde guerre mondiale.

Il fallait donc expliquer aux enfants, comment les Français s’informaient en 1940 ? Comment et quand, ils étaient amenés à se déplacer ? De quels moyens de locomotion disposaient-ils ? Quelles étaient leurs habitudes de vie tant dans les villes que dans les campagnes ? Quel niveau de modernité avaient atteint nos régions et plus particulièrement les coins les plus reculés de notre pays à la fin des années 30 ?

Avec leurs yeux d’aujourd’hui et l’accès à l’information instantanée et envahissante portée par l’omniprésence des écrans au quotidien, il faut bien avouer que pour de jeunes enfants, il est difficile d’imaginer qu’elle pouvait être l’atmosphère quotidienne à cette époque.

80 ans, c’est à la fois encore proche, mais déjà si loin……surtout, pour des parents issus des générations d’après-guerre qui ne sont pas toujours préparés ou enclins à transmettre à leur descendance le souvenir d’une période de guerre. Le temps fait son œuvre, alors que depuis 80 ans nous jouissons d’une paix préservée. Pourtant, le contexte international et en particulier européen actuel nous rappelle insidieusement que le danger de déclenchement d’une guerre existe, toujours au plus près de nous.

Enfin, l’autre difficulté à surmonter, et pas des moindres, était de ne pas pouvoir faire appel aux témoignages directs et physiques d’un résistant. De fait, nos aïeuls ayant participé aux combats pour la Liberté et la Libération de la France se font aujourd’hui et malheureusement de plus en plus rares. Pour remédier à cela, et tout en essayant d’aiguiser la sagacité des élèves, nous avons décidé de présenter le chemin suivi par deux héros de la Résistance. Non pas des figures connues et célèbres, mais des résistants plus modestes et non moins méritants. Leur parcours singulier a ainsi permis d’illustrer, pourquoi et comment les Français entraient en Résistance.

Premier de ces braves, le Lieutenant Léon ″Joseph ″Rondot, (Grand-Oncle du Général 2s François Rondot), franc-tireur et partisan, maréchal-ferrant dans le Morvan, il commande un maquis du régiment Valmy à Perrecy-les-Forges. Il se fait remarquer par son courage au combat et ses capacités de meneur d’hommes, notamment lors de la bataille de Génelard, le 22 août 1944 et celle de la célèbre et difficile libération de la ville d’Autun, le 8 septembre 1944. Pour ses mérites unanimement reconnus, il lui sera décerné notamment la Croix de guerre avec étoile de bronze. Il décède le 30 décembre 1976.

Deuxième exemple de personnages ayant activement participé à cette épopée, celui qui est présenté comme le plus jeune résistant de France, Marcel Pinte dit ″Quiquin″. Âgé de 5 ans, fils d’un chef de la Résistance, il accompagne partout son père et les maquisards de la région de la Haute-Vienne. Portant des messages cachés sur son corps aux chefs de maquis, glanant des renseignements, il passe inaperçu auprès des Allemands qui ne se méfient pas d’un enfant. Il décède accidentellement le 19 août 1944 sur les lieux d’un parachutage de nuit par le tir malencontreux d’un maquisard. Il est promu symboliquement sergent après sa mort et obtient en 2013 une carte de combattant volontaire de la Résistance. En 2018, son nom est inscrit sur le monument aux morts de sa commune à Aixe-sur-Vienne, lors des cérémonies du 11 novembre.

On comprend mieux à travers ces exemples concrets que pour capter l’attention des élèves et faciliter leur réflexion, cette première phase du travail d’introspection, entrepris au regard de la vie quotidienne des Français dans les années 40, était primordiale.

La visite du musée de la Résistance nationale, une superbe concrétisation de cette transmission du devoir de mémoire…..

A ce stade, cependant, la transmission du devoir de mémoire de cette époque demeurerait incomplète. Faute de pouvoir illustrer matériellement par des objets la vie quotidienne des maquisards et des Français sous l’occupation, ce travail aurait été manifestement insuffisant.

La présence du Musée de la Résistance nationale à Champigny sur Marne allait permettre, dans un second temps, de parachever ce projet, en apportant aux élèves la dimension supplémentaire de mise dans l’ambiance que seul un lieu d’exposition peut procurer.

Sous l’égide de Madame Amélie Marzet, médiatrice culturelle du Musée de la Résistance nationale, les élèves de CM1 CM2 de l’École de La Chesnaie ont pu, au fil des salles, découvrir la multitude des objets, des matériels, des souvenirs et des archives, fruits de donations faites par d’anciens résistants ou résistantes, par leurs familles ou par des associations. Une autre façon de raconter l’histoire de la Résistance s’est ainsi offerte aux enfants, car tous ces objets évoquent les combats, les motivations de ces hommes et de ces femmes, la solidarité et l’engagement qui étaient nécessaires, face à la répression impitoyable de l’occupant.

Ainsi, notamment à partir du poste radio émetteur-récepteur qui servait à communiquer avec l’aviation Alliés lors des parachutages, en passant par le matériel nécessaire à la confection de faux papiers, par le lance-tracts à retardement, par les systèmes d’imprimerie mobile pour éditer les journaux clandestins, et par le matériel de sabotage, les enfants ont pu identifier ce qui témoigne effectivement de l’histoire de la Résistance.

L’engouement des élèves fut vraiment palpable et leur curiosité, tout le long de la visite, fut l’expression de la réussite de la démarche que nous avions initialisée.

Un atelier fut proposé aux enfants en fin de visite sur le thème du renseignement, à travers des messages codés à déchiffrer. Cet exercice ludique enleva l’enthousiasme général des élèves et paracheva un parcours complet de deux heures et demie au sein de ce remarquable Musée qui est totalement à la portée des enfants du primaire, ainsi que des élèves des collèges et lycées. L’expérience était plus que concluante. Elle pourrait, d’ailleurs, inspirer d’autres communes et établissements scolaires de l’agglomération de Melun Val de Seine à s’engager sur la même voie.

Anecdote rapportée par le Général 2s François Rondot :

 ″ À la fin de la visite, une jeune élève s’approcha de moi et sortit de sa poche une petite boîte qu’elle me tendit. En l’ouvrant, je découvris des décorations, dont une croix de guerre avec palme, une plaque militaire et un insigne de la 1ére Armée Française (Rhin  et Danube). La petite fille me dit alors que ces objets avaient appartenu à son arrière-grand-père. J’ai vu alors dans ses yeux la fierté de pouvoir me faire partager que dans sa famille, aussi, on s’était battu pour la Liberté. Ce fut un moment particulièrement émouvant, comme si le temps venait de s’arrêter et nous envoyer, elle et moi, 80 ans en arrière dans une France redevenue libre. J’ai alors fait remarquer à cette très jeune élève qu’elle disposait d’un bien inestimable à conserver précieusement, car il était un exemple flagrant de ce que nous avions pu découvrir lors de cette superbe matinée au musée.

Je me suis alors rappelé cette citation de Périclès : Il n’est point de bonheur sans liberté, ni de liberté sans courage.″

Après une photo de groupe devant l’entrée et ces quelques heures de découverte du musée de la Résistance nationale à Champigny-sur-Marne, les élèves de CM1 CM2 ont achevé leur parcours mémoriel par un joyeux pique-nique, sous le soleil, au bord de la Marne. A priori, et unanimement ressenti par les adultes présents, ils n’oublieront pas ces moments partagés de découverte de la Résistance.

La mission est donc accomplie pour la Mairie de Seine-Port, l’École Élémentaire de La Chesnaie et la section de Melun Val de Seine de l’Union Nationale des Combattants.

Propos recueillis auprès du Général 2s François Rondot  –

Images, Major (er) Marie-France Rondot

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