Mon père ce HARKI

 Auteur : Dalila KERCHOUCHE 

 
   

 

MON PERE, CE HARKI

Auteur : Dalila Kerchouche.     Préface de Jacques Duquesne.

Editeur : Seuil, sept. 2003

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Page 136 :

Leurs halhals (bracelets) sur leurs poignets et leurs chevilles.

Page 167 :

La France a trahi les harkis, la France a trahi mes Parents, la France t’a trahi, la France m’a trahie. La France s’est trahie elle-même. Toutes les valeurs, que l’école de la République m’a apprises, elle les a bafouées, piétinées, méprisées.

Oui, je suis une fille de harkis. J’écris ce mot avec un « h », comme haine.

Page 174 :

Le mot est lâché : « discrimination raciale ». Voilà donc la faute de mes Parents : non d’avoir choisi la France, mais d’être des « Arabes », des « musulmans », des « étrangers de l’intérieur ». (Désinformation : Des arabes ne peuvent pas avoir choisi la France.)

Les autorités de l’époque ne pouvaient concevoir qu’ils puissent être « français » et « musulmans ».

Remarque : C’est plutôt de la « désinformation » que la discrimination : Des Arabes ne peuvent pas avoir choisi la France alors qu’on leur  a donné l’indépendance. Si de tels individus existent, il est nécessaire de la cacher aussi bien aux yeux des Français que des Algériens.

Page 192 :

En traitant les harkis de « collabos », le président algérien compare la France à l’Allemagne nazie, et cela ne choque personne… !

Page 207 :

Quand la France était là, ce n’était pas pareil. Maintenant, je fais plus confiance aux Français qu’aux Algériens. Les Français, au moins, te respectent. Pas les gens de chez nous.

« On dirait que tu es nostalgique de l’Algérie française… »

« Non, mais de l’ordre français, oui. Je suis déçu de l’Algérie d’aujourd’hui, le FLN nous a volé notre indépendance et pille les richesses du pays, tandis que le peuple vit dans la misère. Pour moi, ce sont de nouveaux colons. Je vais te dire autre chose : je regrette de ne pas être devenu harki. Si je l’avais fait, mes enfants ne vivraient pas dans une telle pauvreté. Ils vivraient heureux en France, ils auraient du travail et ils mangeraient à leur faim. » Ses mots se gravent dans mon cerveau : « Je regrette de ne pas être devenu harki. »

Page 221 :

Voilà la vie que j’aurai eue si mes parents n’avaient pas quitté l’Algérie. A cet instant, je me sens française, définitivement française.

Page 233 :

« La torture n’était pas systématique, mais cela arrivait, bien sûr. Elle fait partie de la guerre. Ceux qui affirment le contraire sont des menteurs. J’ai torturé et je l’assume. Je l’ai fait pour venger les meurtriers de ma famille. »

Un jour de l’année 1957, dans son village de Kabylie, André retrouve ses deux cousins égorgés et son oncle sauvagement assassiné, avec une hache plantée dans le crâne. André a 18 ans. C’est lui qui découvre les cadavres, sur une colline, derrière des arbres. Fou de douleur, le jeune Kabyle se renseigne et découvre l’identité des tueurs : des hommes du village, montés au maquis. Ils les ont massacrés pour avoir refusé de rejoindre les rangs du FLN ou de payer l’impôt de guerre.

Page 235 :

A force d’exactions, de terreur et de massacres, le FLN a poussé bon nombre d’Algériens dans le camp français. Tout comme l’armée française, à force de tortures, de ratissages et d’assassinats de villageois, a conduit les Algériens à grossir les rangs du FLN. Sale guerre, dans laquelle personne n’a les mains propres…

Page 242 :

Les fellagas terrorisent la population. Pour un rien, une remarque, un regard, une pointe d’agacement, ou une discussion avec un soldat français, ils déciment des familles entières. Des chiens reviennent dans le douar de mes parents avec des bras ou des jambes dans la gueule. On retrouve des cadavres égorgés au fond des ravins… Les gens se terrent, terrorisés, surtout ceux qui, comme mes parents, habitent des maisons isolées dans le djebel. Les fellahs, qui vivent à la frontière des douars, souffrent davantage encore. Leurs maisons sont brûlées, leurs enfants égorgés, leurs femmes enlevées et violées. Certains parviennent à s’échapper, montent chez les Beni Boudouane et racontent les pires atrocités.

Page 242 :

« LI FAT MET » - Le passé est mort.


Mes commentaires (LRT) :

La vie des Harkis en France, dans les camps, est particulièrement instructive. C’est pour moi une révélation. Il apparaît évident qu’il y a eu une volonté délibérée de cacher cela. Cacher leurs conditions de vie mais surtout cacher leur existence. Le régime ne pouvait pas accepter que l’on puisse dire que certains Algériens aient voulu choisir la France plutôt que l’Algérie. 

Par contre, en ce qui concerne le voyage de l’auteur en Algérie, les doutes sont permis …

Il semble qu’elle est voulue, surtout, « dédouaner » son père afin de lui permettre de revoir, une dernière fois, son pays. L’intention est louable mais l’exposé des raisons qui l’ont fait devenir Harki (malgré lui, apparemment) ne sont pas très réalistes. …

Dommage …                                                                   LRT