LEs HARKIS Une mémoire enfouie

Auteurs : Jean-Jacques JORDI & Mohand HAMOUMOU 

Editeur : AUTREMENT . 02 1999. Commandé au Trésor du patrimoine le 11/6/2003  120 Frs         

Très intéressant : 14/20.


Notes

Page 24 :   En plus d’un siècle d’administration de l’Algérie par la France, s’il n’y a pas eu de melting pot, de fusion entre autochtones et colons ou métropolitains, des échanges et des liens se sont tout de même tissés. A la veille de la guerre d’Algérie, certains autochtones étaient ainsi au service de la France depuis plusieurs générations. Administrateurs locaux, caîds et bachagas, militaires de carrière ou anciens combattants, professions libérales formées à l’université française en forment les contingents les plus importants.

Page 34 :   Rien n’est plus vrai qu’il est glorieux à un Prince de garder sa parole, de vivre dans l’intégrité et non dans l’astuce.  (Nicolas MACHIAVEL).

Page 45 :   Nicolas d’ANDOQUE sera un des premiers auteurs à écrire sur l’action des officiers SAS pour un rapatriement des harkis : Guerre et Paix en Algérie 1955 – 1962, L’épopée silencieuse des SAS – Société de production littéraire 1977.

Page 50 :   Le camp de Rivesaltes. Si les massacres et les difficultés de rapatriement ont ancré dans les mémoires la trahison et le mensonge de la France, ce lieu éphémère va cristalliser le sentiment d’abandon.

Page 58 :   Pour une vue d’ensemble sur l’arrivée des pieds-noirs lire de Jean-Jacques JORDI :

                            De l’exode à l’exil – 1962

                            L’arrivée des pieds noirs – Autrement – 1995

Page 115 :   En Algérie, parler d’eux revient sinon à dénoncer les mythes, inlassablement entretenus, de « la révolution algérienne », du moins à les replacer dans une histoire moins glorieuse.

Page 116 :   Toute empreinte, romaine, espagnole, turque et , bien entendu, française se doit d’être niée pour mieux faire naître la « nation algérienne ».   (On lira le livre, fort intéressant de Benjamin STORA : La gangrène et l’oubli, la mémoire de la guerre d’Algérie. Editions la découverte PARIS 1991).

… L’école remplira efficacement cet objectif, aidée, surtout, par la foi des instituteurs qui transmettront à beaucoup un sentiment de reconnaissance vis-à-vis de la France et une admiration pour sa culture.

« Je me suis lancé dans la politique avec mon seul bagage de l’école française, or vous pensez bien que la France ne m’a pas dit de mal d’elle-même », confiera FERHAT ABBAS.

Si FERHAT ABBAS penchait pour une indépendance associée et négociée avec la France, d’autres – certains imprégnés de principes démocratiques, d’autres « nourris au biberon tricolore » ou convertis au christianisme depuis trois générations – ne pouvaient entrevoir une rupture complète d’avec la France.

 

Page 117 :   On voulait aller à l’autonomie puis à l’indépendance progressivement, avec la France et pas contre elle.  En imposant un suffrage démocratique non truqué et en formant des élites, peu à peu, les musulmans auraient pris des postes clés, des mairies… et l’indépendance serait venue comme un fruit mûr sans heurts, sans guerre civile    (Témoignage du Colonel L.)

Page 118 :   Pour décerner à certains le label de héros de la glorieuse révolution, il fallait que d’autres soient désignés comme traîtres odieux. Terriblement lucide, MOULOUD FERRAOUN notait dans son journal : « Tout le monde a choisi de narguer les français, d’en faire un ennemi afin de ne pas mourir en traître. Mais on continue quand même de mourir en traître afin que les « purs » se donnent l’illusion d’être vraiment purs ».

Le FLN veut masquer l’attentisme du début puis l’opposition d’une partie de la population, qui a longtemps réprouvé le terrorisme, les attentats, les règlements de compte et les exactions. Or le harkis mettent à mal cette vision idéaliste, parce qu’ils constituent justement une partie du peuple.

Ici, l’histoire algérienne a trouvé ses boucs émissaires, les harkis, accusés de tous les maux depuis 1962 jusqu’à aujourd’hui : Revisitant l’histoire pour faire oublier la faillite du régime, le FLN, et le gouvernement algérien n’ont pas hésité à faire des fils de harkis les éléments principaux du FIS et les responsables de la situation dramatique dans laquelle l’Algérie est plongée !

L’histoire objective des harkis embarrasse aussi l’Algérie, parce qu’elle rappelle la violation de son premier accord international (EVIAN) et le massacre des harkis.

L’histoire des harkis gêne tout autant la France. Cette histoire reste synonyme de déshonneur pour son armée, de page sombre du gaullisme, d’erreur – et de non-reconnaissance – pour tous ceux qui se sont tus.

Page 119 :   L’armée en premier a dû faire un choix entre honneur et discipline. Il est vrai que durant les années d’existence des SAS, de jeunes officiers ont su gagner la confiance des villageois, on su restaurer par leurs convictions, leur courage, une vie sociale moins en butte aux tourments de la guerre. Pour nombre de musulmans, ces officiers qui avaient foi en une Algérie différente, débarrassée de ses gros colons et des injustices, débarrassée aussi du FLN et de ses exactions, étaient l’espoir d’une vie meilleure. Beaucoup de villageois leur firent confiance. Avec le désarmement des harkas et le dégagement de l’armée, le sentiment de trahison se fit plus fort. Il rejaillit sur l’ensemble de l’armée française en proie à des doutes terribles.

Entre la discipline dans le déshonneur ou l’honneur dans la discipline, il y a des moments où il faut choisir.

D’autres ont fait le choix inverse :

 

J’ai choisi de partager avec mes concitoyens et la Nation françaises la honte d’un abandon.

 

Page 120 :   L’Algérie, c’était un cauchemar. De Gaulle savait ce qui se passait. Tous les officiers faisaient des rapports.
Pour de Gaulle, jusqu’en 1962, les harkis n’ont été que de simples pions au service de sa stratégie : Donner l’indépendance mais – image de soi oblige – de son propre chef et donc après une victoire sur le terrain. La guerre gagnée militairement, l’indépendance concédée politiquement, les harkis n’étaient plus utiles ; pire, ils devenaient gênants. Pour de Gaulle ils ne le concernaient plus. Le silence s’imposait. D’où un véritable consensus de l’oubli et le rejet de leur histoire.

Page 121 :   J’ai compris plus tard qu’on nous a confisqué notre histoire, qu’on nous a imposé une façon de la voir avec des lunettes déformantes.

Page 120 :   Pris au piège, les harkis sont devenus les « combattants du mauvais choix » ou « les grands perdants de la guerre ».

                               (D’une guerre qu’ils ont gagnés  Note LRT)

Page 123 :   Maintenant on dit qu’on est harki. On assume ce mot. On le revendique même. Il ne nous gêne plus. Parce qu’on a fait la part des choses. Les Algériens du FLN n’ont pas de leçon à nous donner. On sait ce que la France à fait en Algérie. On voit ce que le FLN en a fait.

Ce pays avait tout pour réussir. Le FLN a tout gâché.. La France aussi qui n’a pas su passer les rênes en douceur…

 

 

Page 128 :   L’épisode des harkis constitue une des pages honteuses de l’histoire de France.

Ce que les juifs ont demandé, les enfants de harkis pourraient aussi le demander au nom de leurs pères silencieux, qui ignorent la langue des médias, et au nom de la vérité.

 

Le temps presse, les survivants vieillissent et vont bientôt mourir.

 

FIN